La French Tech : simple plan de communication ou véritable impact ?

La French Tech, qu'est-ce que c'est ?
La French Tech créée à l'initiative du gouvernement fin 2013[1], est un label ambitieux qui promeut « l'écosystème des start-up françaises ». Elle s'étend aujourd'hui sur trois dimensions : locale, nationale et internationale. L'ambition est de mettre en valeur l'innovation française, de peser sur la scène internationale, de participer à l'éclat et à la reconnaissance technologique de la France.
Pour cela, une myriade d'acteurs est active en amont et en aval du projet. En amont l'Etat est très présent à travers ces programmes comme Jessica (cap'tronic), qui aide les PME françaises grâce à des formations et leur offre des solutions techniques et numériques. BPIfrance se charge des financements, et Business France épaule les entrepreneurs à l'export.
Des pépinières sont également créés au sein des territoires labélisés. L'écosystème est moins cloisonné et valorise le partage de savoirs entre acteurs publics et privés. L'enseignement supérieur (la recherche) collabore main dans la main avec les grandes entreprises. Qui l'eût cru ?
3 ans après, quel constat ?
Avec 40 incubateurs de start-up à Paris, bientôt l'ouverture de la Station F (futur plus grand incubateur au monde), la labellisation de 18 territoires ( de Nancy à Lyon) entre 2014 et 2015, et la création de 22 hubs French Tech à l'étranger (San Francisco, Abidjan, ou encore Shanghai[2]), un coup d'accélérateur est donné pour faire de la France une grande start-up nation (nation start-up ?). Simple plan de communication ou véritable impact ?
- Visibilité locale
Comme le rappelait Paul-François Fournier[3] lors de l'avènement du 6 octobre «Cap sur l'innovation » , l'écosystème parisien des start-up[4] est surchargé. L'intérêt réside dans le coup de projecteur sur des villes comme Nantes ou Montpellier, pour qui, le label du gouvernement leur offre une nouvelle visibilité. De plus, la constitution des dossiers, la création d'un écosystème, a permis de rapprocher de grands groupes tels que Accenture, Airbus, BNP Paribas, Dassault, La Poste, Orange des réseaux d'entrepreneurs, des investisseurs, des institutions et des établissements du supérieur présents sur ces territoires.
A un autre niveau, Lyon par exemple fort de sa relation avec la ville de Boston en matière économique, réitère pour la seconde année consécutive, Big Booster, un programme international d'accélération de startup.
Pour progresser et peser, une France à plusieurs vitesses est un projet intéressant. On peut cependant regretter un manque de lisibilité, et parfois de cohérence.
- « The next big thing is France » ?
Cette déclaration de John Chambers, lors du salon des technologies CES de Las Vegas en 2015, a eu son petit effet. Les yeux des médias et investisseurs se sont tournés vers la France. Pari réussi.
Face à la concurrence mondiale, la French Tech permet de s'unir. En 2015, sous le même drapeau, 66 start-up françaises ont participé au salon des technologies CES de Las Vegas dans l'Eureka Park. En 2016, elles étaient 128 sur les 457 représentant alors 30% de la présence mondiale, juste derrière les Etats Unis (193 startups).
Cependant, comme le rappelle Gilles Babinet dans Challenges « la France ne représente que 13% du montant total des fonds de capital-risque levés en Europe, contre 33% pour le Royaume-Uni". Le manque d'investisseurs privés, de fonds d'investissements ou de business angels, signes d'un déficit d'attractivité, pourrait bien freiner le développement de start-up leader de secteur (recruter et s'internationaliser). En effet, en 2015, 71% des levées de fonds concernaient les start-up en phase d'amorçage ou de premier tour ...
Du fait de l'éclatement de la bulle « start-up » aux US, des investisseurs plus prudents dès l'amorçage, la faiblesse des investissements privés, la puissance publique prend le relai. Certains critiquent l'omniprésence de la BPI, et dénoncent sa capacité à stimuler l'initiative privée. Une des réponses apportées par le rapport rédigé par le prix Nobel Jean Tirole, est la nécessité d'une «expertise indépendante et qualifiée pour choisir les projets et récipiendaires de fonds publics». Le CAE recommande lui, d'utiliser la fiscalité pour attirer les investisseurs étrangers et de long terme.
- La question des rapprochements grands groupes - start-ups.
Alors que le marché de la start-up française est encore immature, la French Tech proclame une nouvelle vision de l'entreprenariat en France et dissipe l'aversion du risque. Autrefois méfiants les uns envers les autres, l'écosystème a favorisé la réconciliation entre les grands groupes et les start-up. Malgré des différences en terme de culture, mode de fonctionnement, langage, moyens ... ils n'avaient plus tellement le choix.
Le manque de compétitivité, de réactivité et de créativité faisaient défaut aux grandes entreprises. La liberté et le désir d'indépendance prônés par les start-up se heurtaient au besoin de financement.
Certaines entreprises, à l'instar de la SNCF, EDF, Huawei ou Vinci autoroutes, ont fait appel aux concours afin de repérer des équipes motivées et innovantes. D'autres passent par l'intermédiaire de la BPI, qui agit comme rapporteur d'affaire avec un catalogue de plus de 35 000 entreprises innovantes (start-up, PME et ETI).
Grâce à ces partenariats, les start-up bénéficient dans un premier temps de locaux, d'une expertise et de ressources. Quand vient la phase de commercialisation, les grandes entreprises ont également un important rôle à jouer. Cet apport est primordial dans la pérennisation de la structure, surtout quand on sait qu'en moyenne la faillite a lieu 20 mois après la dernière levée de fond.
Ces rapprochements ne découlent pas forcément sur du gagnant-gagnant, et peuvent s'avérer être un véritable échec. La confiance et la durée sont les maîtres mots d'un partenariat efficace, ainsi les questions juridiques telles que la propriété intellectuelle, la place des collaborateurs, l'accord de confidentialité ... doivent être écrites noir sur blanc. Une grande part d'autonomie, moteur de créativité, doit être accordée afin de ne pas étouffer la start-up. Les moyens financiers et humains doivent être mobilisables rapidement.
Selon l'étude « David avec Goliath » réalisée par Raise, seuls 15 % des grands groupes sont considérés comme des experts de la relation avec les jeunes entreprises. Quid des 85% restants ? Avant de crier victoire à l'absorption, la startup doit donc se munir de clés.
C'est dans ce cadre que notre société de conseil, Like International, peut épauler et accompagner les dirigeants de start-up. Nos expertises en stratégie et juridique et notre connaissance de l'éco-système sont à votre disposition. Parlons-en !
[1] S'inscrit dans le PIA
[2] https://www.lafrenchtech.com/en-action/les-hubs-french-tech-linternational
[3] cap'tronic, octobre 2012, Paul Francois fournier directeur executif, direction innovation BPIfrance
[4] 60% des startups françaises